Marta retient son souffle. Sourcils froncés, elle examine la scène en 3D qui lui est retransmise : sur le petit perron en pierre, une porte de pavillon vient d’être déverrouillée. La poignée s’abaisse, trop lentement.
Le Barde dans la Machine écrit pour vous des élucubrations sur les mondes imaginaires. Pour faciliter vos choix de lectures, les publications sont regroupées en thèmes :
"Récits", des nouvelles (entières ou par épisodes) qui parlent de SF et de Fantasy. Les récits les plus longs sont publiés par épisodes, puis compilés.
"Contes de la Marche", qui regroupe des récits de Fantasy se déroulant un même univers.
"Lubies", des textes plus courts sur des sujets aléatoires.
"Bouquins", où je vous narre et critique mes derniers lectures.
"Carnets", de brèves observations ou impressions, en quelques paragraphes.
Marta retient son souffle. Sourcils froncés, elle examine la scène en 3D qui lui est retransmise : sur le petit perron en pierre, une porte de pavillon vient d’être déverrouillée. La poignée s’abaisse, trop lentement.
« Alerte homicide dans le 26e arrondissement. Le suspect a été signalé en fuite dans un véhicule volé, c’est un néo-punk de carrure très athlétique, responsable d’une rixe avec une bande d’extrémistes. Il appartient à une bande active habituellement dans le 22e. Neutralisation demandée dans les 12 heures. »
« Patron, la même. »
Al écluse les bières au comptoir. Ce matin, comme tous les matins, il attend l’arrivée de sa bande, et vu qu’il est insomniaque c’est lui le premier arrivé – bon, il est bien onze heures. Ça explique sûrement pourquoi il fait toutes les réunions bourré, et que son allocation mensuelle s’évapore dès le 15 du mois.
Il émergeait du vide, dans une nuit parcourue d’éclairs sombres. Allongé, peut-être maintenu au sol. Les sons qui parvenaient assourdis à ses oreilles, comme à travers de l’eau. Quelque chose n’allait pas.
On les avait attaqués !
Le feu brûlait bas dans la cheminée, et par moments le hurlement du vent nocturne couvrait les crépitements des bûches. Dans la salle de réception, Ekert de Valkerst était resté seul avec le prieur Jurg et une bouteille de vin – une importation coûteuse dans cette région éloignée des vignes et du soleil. Après un repas de venaison épicée, les serviteurs et les parents du seigneur avaient pris leur congé, et les deux conspirateurs terminaient la soirée en buvant, et s'apprêtaient à discuter d'affaires de plus d'importance.
C’était l’après-midi, et un soleil timide avait fait son apparition pour saluer le début du printemps. Sur la place du marché de Sonborg, les villageois négociaient leurs derniers achats de la journée. Déjà l’ombre des maisons et des sapins s’allongeait, et le vent du nord-ouest recommençait de souffler.
Harla et Sigurt sortirent de la maison du bourgmestre, accompagnés par un domestique vêtu de noir.
— Des incidents ? Si vous voulez parler des bandes de routiers, ça oui, on en a notre content par ici...
Le marchand vida sa chope et la reposa sans paraître se soucier de la moustache blanche de bière qu'elle avait laissé, par-dessus sa barbe poivre et sel. Puis il étouffa un rot. Près du feu, un corniaud gémit dans son sommeil. La salle à manger de l'auberge était presque vide, la patronne passait un chiffon mouillé sur la table.
Le soleil se levait sur la Cité Divine : un bleu doux éclaircissait le ciel, et les rayons rasants heurtaient de place en place une flèche, un dôme, un bulbe de métal doré, pour éclater en scintillements aveuglants. Alors que les faubourgs étaient bien espacés, dans le centre monumental les rues manquaient de largeur, sans doute pour contraster avec les murailles de pierre blanche qui s’élevaient de part et d’autre, ornées de gravures gothiques, d’écrans géants et de peintures murales naïves. Rien qui ne fasse moins de quatre mètres de haut, observa Benedict.
Internet, 8 octobre
Une centaine de fidèles ont été arrêtés pour troubles à l'ordre public lors de cette descente des forces de police, qui sont arrivées par autobus entiers devant le siège de l’Eglise de la Paix et de l’Harmonie. On vient d'apprendre ce matin que les responsables de l'organisation en Chine étaient inculpés pour fraude fiscale et menées contre-révolutionnaires. Les autorités chinoises ont interdit toute nouvelle ouverture de centre du culte d'Ao sur le territoire de la République Populaire de Chine.
Le e-Monde, 4 février
Depuis sa création il y a deux ans, cette nouvelle religion connait un développement foudroyant dans tous les pays du monde. Des spécialistes tirent l'alarme sur une mouvement sectaire unique en son genre, à la puissance inquiétante. Pour en savoir plus sur ce phénomène mal connu, nous avons rencontré Javier Mariscal Gutierrez, ex-diacre du culte qui s'en est récemment pris à son ancienne hiérarchie.
www.premiere.fr , 3 novembre
On l’a souvent dit, l’industrie du cinéma ne cesse d’accélérer ses cycles de développement pour répondre aux fluctuations de l’actualité et aux nouveaux intérêts du public. Parfois, on aimerait qu’ils se servent aussi du frein, et pas seulement de l’accélérateur.
Rome, un matin de mai
La lumière repousse les ombres des bâtiments, fait briller les vitrines, étincelle à l'occasion dans des rétroviseurs. Les romains vont à leur travail, ouvrent leurs magasins, tandis que les plus matinaux des touristes parcourent déjà les rues de la Ville.
Une pluie fine mêlée de neige tombait depuis le matin. Kituk s'essuya le front avec sa manche. Allongé sous un buisson, dans le froid et l'humidité, il surveillait la tour. C'était une corvée qu'il avait appris à endurer depuis longtemps ; les longs affûts étaient une des clefs de la guerre, tout combattant devait être capable de les tenir des heures durant, et ensuite dans l'instant se lever et combattre.
— Je n'ai pas confiance en ce Yern, répéta Efi.
— Qu'est-ce que tu veux faire ? Le vin est tiré, maintenant il faut le boire, répondit Edvin, pas pour la première fois depuis leur retour.
Joignant le geste à la parole, il leva son verre et descendit la bière tiède qu'elle lui avait servie pour accompagner le repas. Ils terminaient un dîner frugal de viande séchée et de pain noir à la table d'Efi, dans sa masure de rondins sur la lande. Edvin aurait préféré passer ce moment avec sa famille, mais Efi avait insisté pour lui parler, et c'était un des rares endroits où ils pouvaient échafauder des plans sans être dérangés ou pire, entendus.
Kituk aimait marcher. Comme tous les guerriers de son clan, il avait été formé à l'endurance, aux longues randonnées dans la forêt, et avait pris goût à ces efforts. Avant d'atteindre l'âge des Rites, il était déjà capable de parcourir en une journée la distance qui séparait deux sanctuaires forestiers, sans jamais passer par un sentier, en se nourrissant d'une poignée de fruits séchés et de quelques gorgées d'eau. D'autres peuples avaient besoin de chevaux pour se déplacer, mais les tribus du Nord comptaient seulement sur leurs propres forces ; dans ce pays rude, il n'y avait pas toujours de quoi alimenter des montures, qui devenaient souvent un frein pour traverser les collines accidentées, couvertes de buissons et d'épais taillis.
Alukya sortit de la grotte enfumée et marcha entre les pins jusqu'au petit promontoire d'où l'on apercevait la mer. Elle exposa son visage luisant de sueur à la brise glaciale du matin ; avec un petit impact frais, un flocon de neige se posa sur l'arête de son nez et fondit doucement. Dans le lointain, la masse de l'océan agitait ses reflets métalliques, sous un ciel qui s'éclairait lentement d'une grisaille sans soleil.
Edvin scruta l'obscurité. Son coeur s'était mis à battre à grands coups, sur un rythme de panique qui faisait trembler tout son corps. Personne dans le rai de la lune, mais il lui sembla distinguer une forme dans l'obscurité profonde près de la porte de la chambre. Ses yeux était emplis des nuées violettes et rouges sombres produites par la cécité, petites lumières irréelles dansant devant ses pupilles, qui dessinaient fugacement des contours aux proportions étranges.
Le soleil projette à l'horizontale sa lumière orangée dans la futaie. Derrière le sergent, les soldats avancent en file indienne, sans un bruit, courbés pour éviter que leurs casques dépassent des buissons qui encombrent le sous-bois. Des ombres étranges se dessinent sur leurs visages, faisant penser à des peintures ou à des éclaboussures colorées. Edvin se souvient d'une tradition dont on lui a parlé au coin du feu - n'est-ce pas ce que les barbares appellent l'Heure du Sang ? Toujours ce goût du drame.
Pour lire la fin du récit, cliquez sur "read more"...
Quelques jours ont passé depuis la mort de Pablo. Marcus est revenu me faire un coup d'intimidation, accompagné d'un de ses costauds, juste pour être sûr, mais heureusement j'encaisse bien. Et puis j'ai le soutien de tous mes potes, surtout Carlos et Gabi, qui m'ont dit : « La prochaine fois, tu nous fais signe et on se l'ouvre. » Il parait que Marcus a aussi eu deux mots avec le matador, qui faisait moins le fier après. Comme quoi il a des choses à se reprocher, cette petite raclure.