Edvin arriva en retard dans la salle où se tenait le conseil de village. On avait disposé en cercle des chaises apportées de maisons voisines, et une vingtaine d'hommes y étaient assis.
Le Barde dans la Machine écrit pour vous des élucubrations sur les mondes imaginaires. Pour faciliter vos choix de lectures, les publications sont regroupées en thèmes :
"Récits", des nouvelles (entières ou par épisodes) qui parlent de SF et de Fantasy. Les récits les plus longs sont publiés par épisodes, puis compilés.
"Contes de la Marche", qui regroupe des récits de Fantasy se déroulant un même univers.
"Lubies", des textes plus courts sur des sujets aléatoires.
"Bouquins", où je vous narre et critique mes derniers lectures.
"Carnets", de brèves observations ou impressions, en quelques paragraphes.
Edvin arriva en retard dans la salle où se tenait le conseil de village. On avait disposé en cercle des chaises apportées de maisons voisines, et une vingtaine d'hommes y étaient assis.
Ils arrivèrent à Groenvald un jour de marché. C'était l'automne, et de temps à autre le vent du nord fouettait les visages et les manteaux, apportant la dureté de pays lointains et encore plus froids. Les cinq hommes se présentèrent par la route du sud, et quelques commerçants remarquèrent ce détail inhabituel.
— … Et ensuite, elle m'a collé ce parchemin dans les mains et m'a envoyé sur un chemin que connaissent les gitanes, et je suis arrivé dans le parc du Grand Blottereau.
Nous étions encore rassemblés dans le salon du Doc : son canapé défoncé accueillait Lila, Phil et le Forcené, je me tenais debout devant eux, encore revêtu de ma tenue anti-entropique déchirée et souillée, tandis le Doc nous regardait du fond de son fauteuil. Un fond sonore de country sortait par de petits haut-parleurs branchés sur son PC portable.
Le soleil m'aveuglait, et la chaleur montait dans ma combinaison. Je commençais à comprendre pourquoi mes clients n’en achetaient jamais une deuxième. J'étais perdu, en sueur, au bord d'un chemin à peine tracé dans la rocaille et les épineux, ponctué de petites crottes en forme de noyaux d'olives, sans doute sorties de derrières de chèvres.
Niché dans une cuvette apparue en pleine rue, le vortex ressemblait à la bouche d"un nouveau né, en moins mignon et plus pincé, avec le pourtour gonflé et comme barbouillé. Tout autour du motif spiralé inscrit dans le sol, la terre avait une apparence visqueuse, comme si elle avait trop mangé de compote et s'apprêtait à la recracher d'un air contrarié.
La statue de marbre nous dominait de toute sa taille ; haute de plus de 3 mètres, elle représentait avec réalisme la silhouette altière d'un bichon frisé. Dans l'allée du cimetière, d'autres statues titanesques s'alignaient, alternant avec des massifs de roses et de chiendent.
Il était un peu avant midi quand j'ai cédé à la curiosité. Sans quitter le canapé du salon, j'ai ouvert mon ordi sur mes genoux et j'ai lancé une session de BreakIn, mon outil de piratage informatique.
Yeah, I'm a hacker.
Il faisait nuit noire, mais une rumeur bruissait toujours au Faubourg de Devant. Un mélange de voix lointaines qui bourdonnaient, de fracas de planches qui tombent, de cris et d'aboiements qui éclataient alors qu'il commençait à s'endormir, malgré la blessure à l’épaule droite qui l'empêchait de se retourner.
Les jours passèrent, puis une semaine, puis deux, et le jour arriva enfin où Yegar devait affronter Ervang de Deralt. Comme d'habitude, il se leva aux aurores, et s'exerça dans la petite cour sordide d'où on voyait le château. Des curieux commencèrent à s'accumuler à la grille, attirés par l'annonce du duel qui avait couru dans les rues de la ville. Yegar les ignora et continua de s’entraîner, jusqu'au moment où des gamins lui lancèrent des fruits gâtés à travers les barreaux.
Le bâtiment où Vrenk gardait ses gladiateurs consistait en trois ailes de dortoirs et salles d'exercices, entourant une cour. Le quatrième côté, fermé par une grille, donnait sur une route qui longeait le cours du Skell. Sur l'autre rive se trouvaient la ville hauteur le château de Deralt, perchés sur une petite élévation qu'enserrait une boucle du fleuve, lovée comme un serpent autour d'un trésor.
Un jour grisâtre tombait dans la cellule par la fenêtre à barreaux. Au-dehors, le soleil ne s'était pas encore levé, mais on entendait déjà les bruits de l’activité humaine qui reprenait : un chariot qui roule sur les pavés de la rue, des portes et des volets qui s’ouvrent en grinçant, un chien qui aboie, et la voix éraillée d'un muletier qui l’engueule.
Yegar enregistrait machinalement ces détails, mais ses yeux ne quittaient pas le plant de figuier impérial qu'il élaguait.
Celui-là sera facile, pensa Yegar.
Son adversaire, sans doute un ancien soldat, avait un bon bras mais aucune habitude du duel. On l'avait équipé d'une hache qu'il maniait passablement ; le casque rond et le plastron de cuir, sur sa silhouette de paysan, semblaient vaguement ridicules. Ses coups s'annonçaient par toutes sortes d'indices qu'il n'avait pas appris à camoufler. Sa tactique consistait à accabler son adversaire sous la cadence de ses coups de hache, portés à des angles qui changeaient sans cesse. Après quelques échanges, Yegar n'avait plus aucun mal à anticiper ses attaques et à éventer ses feintes. Il répliqua de quelques contres rapides, qui ricochèrent contre le plastron mais obligèrent le rustaud à calmer le jeu.
Le soleil brillait alors que je traversais le bois de bouleaux. Sa lumière arrivait crue, presque électrique au milieu des troncs blancs. L’air portait comme une expectative, un parfum de printemps dans le vent, mélange de joie enfantine et d’appel au sexe.
Je fais un rêve de jours meilleurs. Une fête où la vodka circule de mains en mains, j’en bois plus que ma part et bientôt je suis malade. Dulma est là, resplendissante, je lui demande comment elle s'y est prise pour revenir, mais elle se contente de me frapper à la figure, pour finir elle attrape une planche dont elle me martèle le crâne.
Épilogue.
Le tunnel était noir comme une nuit sans lune et sans étoiles. La roche au-dessus de leurs têtes formait une muraille impénétrable, oppressante. Edvin avançait à l’aveuglette, seulement guidé par les tractions sur la cordelette qu’il tenait entre les mains. Derrière lui, il entendit rouler un caillou, jurer en Alanien. Puis une voix intima le silence, en langue barbare.
On avait trop serré les liens, et la corde grossière mordait dans les poignets d’Edvin. Allongé dans le noir, pieds et poings liés, il essayait de tenir ses idées les plus sinistres à distance.
Lors de la Conquête, il avait déjà été capturé par les Borags. Il se souvenait des entraves, de ses camarades entassés les uns sur les autres comme des colis, que les barbares venaient enlever un à un. Et ensuite les hurlements. Cela avait duré deux jours ; un cauchemar éveillé où ses souvenirs se mêlaient aux hallucinations causées par la soif et les blessures.
Ekert de Valkerst chevauchait en terre ennemie. Monté sur un énorme destrier, une bête agressive nommée Tonnerre, il avançait à la tête de ses troupes. Le soleil éclaboussait les frondaisons d’une lumière dorée et verte de début de matinée ; c’était l’été, la saison des campagnes, et son cheval posait ses sabots sur une terre étrangère. A chaque pas, l’ennemi pouvait leur tomber dessus, caché dans cette forêt qu’ils ne connaissaient pas.
Ekert de Valkerst venait y porter la guerre, et il espérait s’amuser un peu.
— Seulement cinq Marcs par peau ? C’est un prix de voleur. Un prix d’homme du sud.
Le silence se fit dans la Grande Maison. Sous la toiture en chaume, entre les troncs à peine dégrossis qui la soutenaient, une douzaine de guerriers barbares braquaient sur Edvin des regards hostiles.
Marta ordonne à sa voiture de se garer au bord de la route, descend et laisse le véhicule se verrouiller derrière elle. Elle n’a pas eu à rouler longtemps depuis le lieu de la prise d’otage pour trouver l’usine. C’est un bâtiment aux dimensions cyclopéennes, un monolithe gris étendu de tout son long dans la plaine d’Île de France.